« Les petites et les grandes histoires de Pantin :
donne-moi une histoire, je te raconterai celles de ta ville. »

novembre 2011 et juin 2012

Ça se passe souvent à la terrasse d’un café, ou dans une gare lorsque tu es en avance et que tu attends, ça peut être sur un banc public dans un parc, ou dans une salle d’attente quelconque. Tu es là et tu regardes les gens autour de toi. Tu ne peux pas t’empêcher d’imaginer qui ils sont, quelles histoires ils te raconteraient si ils savaient que ça t’intéresse. Tu ne peux pas t’empêcher d’imaginer qu’ils ont tous des histoires qui les ont touchés, amusés, faits rire aux éclats, qui leurs ont donné de l’espoir ou du désespoir, de la confiance ou de l’abattement, de la légèreté, de la réjouissance ou de l’effroi et du dégoût. Tu te demandes si, à travers toutes ces histoires, nous n’avons pas tous, plus ou moins en commun, les mêmes préoccupations, les mêmes soucis, les mêmes joies…
Tu voudrais bien savoir.

Toutes ces petites histoires mises bout à bout font une vie, toutes ces vies font une ville et chaque ville, garde en elle ces milliers d’histoires nichées, dans ses lieux publics, ses rues, ses caves, ses jardins, ses parcs, ses bouts de mur, ses cimetières, ses parkings, ses lieux privés et ses lieux secrets…
Il suffit d’avoir entendu une histoire liée à un lieu précis pour qu’elle lui soit à jamais associée. C’est beau de penser que tu peux traverser des endroits qui jusque là t’étaient communs et qui te deviennent singuliers parce que tu en partages l’intimité avec la personne qui t’a raconté l’histoire qui lui est liée.
Ce serait beau que des habitants d’une même ville puissent se partager leurs histoires par le biais de souvenirs liés à des endroits précis de la ville. Il faudrait que ces histoires puissent circuler des uns aux autres et qu’ils ne puissent plus traverser certains endroits sans penser désormais à la personne et à l’histoire qui lui est liée.

J’aime imaginer que chacun peut, sinon se reconnaître du moins comprendre un peu mieux celui en face, lorsqu’il partage un peu son histoire. J’aime penser que si on ouvre des portes entre les gens, il y en aura toujours plus pour les emprunter que pour les fermer. Je crois que partager une part d’intimité avec quelqu’un nous le rend plus proche, tolérable et pourquoi pas aimable. Et si ce n’est pas le cas, il aura toujours été préférable d’essayer. Je suis convaincue que, de toutes les façons, ça fait émerger de l’humanité, et en ces sombres temps, ce n’est pas du luxe .

Sophie Rousseau

Les cartes postales sonores

Réalisées par Sophie Rousseau et Eric Goubet

Le chevalier servant
Chambard chez les morts
L’envers du décor
Les premiers pas
La corneille de Pantin
L’homme au camion

Pour en savoir plus

Le projet s’est déroulé sur la ville de Pantin en Seine-Saint-Denis et a touché notamment le quartier des Courtillières, un des quartiers prioritaires de la Dynamique Espoir Banlieue. Il a cherché à favoriser le déplacement des publics d’un quartier à l’autre, en touchant également le centre-ville et les quartiers plus favorisés.

Par plusieurs chemins artistiques, nous avons proposé à différents groupes de Pantin de se croiser autour de la thématique : « Raconte-moi une histoire liée à ta ville ».
Chaque groupe intervient à un endroit différent dans la proposition et complète celles des autres. L’ensemble des propositions forme un objet artistique cohérent présenté aux publics.
Des temps d’échanges très approfondis avec les relais de chaque structure partenaire ont été mis en œuvre en amont du projet ainsi qu’une ou 2 réunions d’informations collectives.

Les souvenirs de Pantin : point de départ du projet

Au cours de différentes rencontres avec les structures sociales et associatives, Sophie Rousseau collecte de manière orale des souvenirs liés à des endroits précis de la ville de Pantin. Ces souvenirs enregistrés deviennent la matière sonore de « cartes postales » réalisées avec Eric Goubet. L’idée est qu’une carte dure dix minutes maximum. L’objectif est de réaliser 4 ou 5 cartes (une vingtaine de souvenirs). Il faut donc récupérer un certain nombre de souvenirs qui peuvent durer d’une à cinq minutes maximum (après montage !). Le souvenir peut être celui d’une personne individuelle ou d’un petit groupe.
Ces souvenirs sonores une fois « montés » donnent lieu au choix de textes de théâtre qui leur font échos. Les deux réunis seront la matière de départ des différents ateliers en vue de la création de « la Boîte à histoires ».

Les lectures : actions de sensibilisation

Sophie Rousseau met en voix la lecture de deux contes La Mère et la jeune-fille sans main par une actrice professionnelle Mélanie Menu afin de faire des lectures publiques auprès de chaque groupe ayant participé aux « souvenirs de Pantin ». Ces lectures donnent lieu à un échange visant à préparer les publics à leur venue à La Barbe bleue.

Les ateliers: étapes de création de «La Boîte à histoires»

L’atelier photographique : avec David Cousin Marcy (6 à 10 personnes)

On propose aux volontaires des structures rencontrées de participer à un atelier photographique. Après un temps d’initiation à la construction d’une image, ils réalisent, à partir des cartes postales sonores écoutées, des photos de leur ville comprenant les lieux significatifs pour eux et certains lieux évoqués dans les souvenirs des cartes postales. Ces photos correspondent à l’esprit des cartes postales sonores.

L’atelier d’écriture avec Cédric Orain

Les cartes postales sonores sont confiées aux participants de l’atelier d’écriture.
Ils doivent utiliser les histoires évoquées pour réaliser de petits textes de plateau en vue d’être utilisés ensuite par l’atelier Théâtre.

L’atelier de scénographie avec Mathias Baudry (constitution d’un groupe ayant déjà une pratique culturelle)

Les cartes postales sonores sont confiées aux participants de l’atelier de scénographie afin de concevoir La boite à histoire (petite pièce de 4m² où l’on peut écouter les cartes postales sonores tout en lisant les textes de l’atelier d’écriture et en observant les photographies correspondantes. A partir de contraintes, ils doivent concevoir une boite jusque la réalisation de la maquette. La boite sera ensuite fabriquée par un atelier professionnel.

L’atelier théâtre avec Sophie Rousseau(constitué de volontaires inscrits au Conservatoire à Rayonnement Départemental)

Les volontaires (groupes ados et adultes) de l’école du CRD de Pantin font un stage de cinq jours puis deux week-ends à partir des textes écrits en ateliers d’écriture et de textes d’auteurs de théâtre en vue de présenter leur travail lors du vernissage de La Boîte à histoires.

Les sorties au théâtre : moment de découverte du spectacle vivant

La représentation de La Barbe bleue de Jean-Michel Rabeux, d’après Charles Perrault est présentée au Théâtre Le Fil de l’eau. Tous les groupes ayant participé au projet viennent voir le spectacle. Jean-Michel Rabeux rencontre dans les jours qui suivent chaque groupe afin d’échanger sur le contenu du spectacle en fonction de l’approche qui a été celle du groupe qu’il rencontre (scéno, image, jeu, écrits, etc.)
Lors du vernissage de la Boite, nous proposons aux participants qui le souhaitent de venir assister à la représentation des Quatre jumelles au Théâtre de la Bastille à Paris.

Vernissage de «La Boîte à histoires» : restitution du projet

Lors d’une soirée conviviale où tous les participants au projet et leurs familles ont été conviés, nous avons présenté le travail théâtral du CRD puis inauguré la Boîte à histoires. Les maquettes de l’atelier de scénographie y ont également été exposées ainsi que les photos de l’atelier photographique et les textes de l’atelier d’écriture.

La Boîte à histoire à travers la ville : nomadisme du projet

Suite au vernissage, la Boîte à histoires a tourné dans Pantin et a été exposée dans les lieux partenaires du projet (déplacement chaque semaine) et accessible aux différents publics de la ville.